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Poules de luxe

Comment distinguer son produit de tous ses concurrents, qui occupent le même créneau et qui, fatalement, lui ressemblent beaucoup ? D’un point de vue publicitaire, ce n’est pas très compliqué, il existe une méthode éprouvée, couramment mise en œuvre sur les affiches et autres écrans de réclame…

La théorie de la nouille

Imaginons que vous vendiez des paquets de nouilles de la marque Languedepub. Evidemment, vos nouilles Languedepub sont parfaites, délicieuses et elles enterrent la concurrence. A tel point qu’elles en sont nouillisimes, qu’elles sont l’incarnation-même de l’idée platonicienne de la Nouille. Du coup, les autres nouilles ne méritent pas vraiment de porter le même nom que les vôtres… et comme il vous est impossible d’imposer à vos concurrents impudents de ne plus appeler leurs nouilles « nouilles », il ne vous reste plus qu’à changer le nom des vôtres, qui ne sont plus des nouilles, mais des Langue de Pub, les nouilles étant décidément beaucoup trop vulgaires.

Plutôt qu'une volaille, offrez-vous une Challans


A la casserole la volaille !

Cela vous semble fou comme cheminement marketingo-mental ? Pourtant, c’est exactement celui qui sous-tend les affiches pour les volailles de Challans qui fleurissent en ce moment dans le métro : « Plutôt qu’une volaille, offrez-vous une Challans« .  Message spécial à ceux d’entre vous qui ont connu la publicité télévisée des années 80 : ce slogan ne vous rappelle rien ? Et si je vous dis : une fameuse marque de casserole ? Bingo ! Je parle du mythique « Si vous ne prenez pas une Sitram, vous risquez de prendre une gamelle« . Pour les nostalgiques et les petits jeunes, le spot se trouve ci-dessous :

Cetelem et ces jeunes qui se cassent le nez aux portes du crédit…

La campagne publicitaire de Cetelem qui s’affiche un peu partout en ce moment joue résolument et de façon très maligne la carte du multi-support. Résumons en quelques mots son objet : il s’agit de faire la promotion d’une offre de crédit de consommation destinée aux jeunes (moins de 30 ans) dont la situation professionnelle n’est pas encore stabilisée (en CDD donc). La campagne part donc d’un constat : l’individu qu’on vient de décrire ci-dessous, et qui a donc moins de 30 ans et n’a pas de CDI, n’a aucune chance de décrocher un crédit et qu’en conséquence toutes les portes des organismes financiers se ferment devant lui… Peut-être est-ce vrai : mes très rares expériences de crédit à la consommation m’ont plutôt laissé penser que ces organismes n’étaient pas très regardants sur les ressources de leurs souscripteurs, mais bon…

Bref, la porte du crédit à la consommation se ferme devant le jeune… dont le visage se retrouve écrasé contre la vitre. Jusqu’ici rien d’extraordinaire, sauf que les publicitaires ont eu la bonne idée d’utiliser un support de pub particulièrement approprié : les portes de quai qui protègent les voies de la ligne 14. D’où un message publicitaire auquel fait écho son propre support matériel : une sorte de publicité augmentée ? C’est malin, bien trouvé, reste à savoir si ça coûte beaucoup plus cher qu’une classique affiche en 4 par 3…

Si l’accroche est bien trouvée, je trouve en revanche la promesse qui intervient dans un second temps nettement plus faible et malheureusement un peu bancale au niveau syntaxique. Faire du crédit à la consommation un droit que Cetelem entend défendre ? Soit, j’entends que certains jeunes ont sans doute besoin de financer l’achat d’une voiture par exemple. Mais le registre du droit est tellement galvaudé dans la pub, depuis le fameux droit au voyage de Marmara, que cette promesse tient un peu de l’eau tiède… surtout qu’elle est desservie par une regrettable faute de syntaxe « on a le droit d’être jeune, en CDD et DE réussir à financer ses projets » !!!

Affiche Cetelem : marre de voir les portes du crédit se refermer ?

Affiche Cetelem : marre de voir les portes du crédit se refermer ?Affiche Cetelem : marre de voir les portes du crédit se refermer ?

L’affiche rouge de Nicolas Sarkozy

Allez, mon coup de cœur du week-end : un travail de conception-rédaction plutôt malin, réalisé pour le journal l’Humanité. Une image de Nicolas Sarkozy tenant le logo du quotidien communiste, assortie d’une accroche pêchue « Lisez l’Humanité pour changer », jouant sur la polysémie : une lecture qui vous change (comme notre Président sur l’affiche) et une lecture qui change de vos lectures habituelles. Pas sûr que cette campagne suffise pour que Nicolas Sarkozy s’abonne au quotidien à la faucille et au marteau, mais peut-être qu’elle permettra à certains curieux de (re)découvrir un titre historique de la presse française.

L'humanité, affiche de sarkozy, "lisez l'humanité pour changer"

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