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Heureusement, Captain Iglo ne fait pas de lasagnes

Jusqu’à hier midi, je me disais qu’à peu près tout le monde en Europe avait entendu parler des récents scandales alimentaires et de ces industriels qui confondent les chevaux et les vaches avant de les mettre dans leurs lasagnes. Eh bien non ! Chez Captain Iglo, on doit vivre dans une bulle (ou plus probablement dans un igloo perdu sur la banquise) pour s’autoriser une publicité proclamant en toute innocence et en toute inconscience : « Captain Iglo, il pêche aussi du poulet ». On espère en tout cas qu’on ne trouvera pas de volaille dans les poissons panés du marin barbu, ni de cabillaud dans ses chicken nuggets. Et aussi que les enfants ne prendront pas au pied de la lettre le discours du brave capitaine quand la maîtresse leur demandera où vivent les poulets…

Captain Iglo : affiche il pêche aussi du poulet"

Envie de fraises. Nue. Dans le métro.

Si vous empruntez les couloirs du métro parisien en ce moment, il y a une affiche que vous avez forcément remarquée (et je ne parle pas de la pub de la FNAC mettant en scène un sosie de Richard Branson). Forcément, parce qu’elle met en scène une femme nue… et enceinte. Ca part très mal ? Eh bien pourtant, c’est malin et réussi. Explications.

Affiche Et encore, vous ne m'avez pas vue habillée

Qu’est-ce qui est moins glamour qu’une robe de grossesse ? A part un bon vieux bonnet de nuit, il faut bien le reconnaître, pas grand chose. Objectivement, une robe de grossesse, c’est moche. Du coup, le meilleur argument de vente pour un marchand de vêtements de maternité, c’est de proclamer « Mes robes à moi, elles sont carrément sexy ». C’est tout bête, mais dire et assumer ce paradoxe, c’est déjà un gros coup marketing. C’est le positionnement d’enviedefraises.fr qui le décline jusque dans la formulation de son message publicitaire, lui-même délicieusement paradoxal et impertinent. C’est cette très bonne accroche en regard d’une jolie jeune femme nue et enceinte « Et encore, vous ne m’avez pas vue habillée » ; ou celle-ci – qui compense une créativité un peu plus faible par une adresse directe au passant : « Allons, est-ce une façon de regarder une femme enceinte ? »

Affiche Allons, est-ce une façon de regarder une femme enceinte ?

Gleeden : les paradoxes de l’infidélité

Les campagnes d’affichage de Gleeden (site dédié aux relations extraconjugales pensé par des femmes… wouaouh quelle promesse !) ne laissent généralement pas indifférents ceux et surtout celles qui y sont exposé(e)s. Pourtant, vous n’y verrez aucune photo dénudée ou suggestive. Rien que quelques mots très  soigneusement choisis dans le seul but… de ne pas laisser indifférent justement.

Affiche Gleeden "Et si cette année vous trompiez votre amant avec votre mari ?"

Alors ? Que se passe-t-il quand un public féminin se retrouve face à cette affiche ? J’ai été directement témoin d’une scène dans le métro où un groupe de femmes d’une quarantaine d’années la commentaient à voix haute. Je cite (de mémoire) ces dames : « Mais c’est quoi cette image de la femme que l’on veut donner ? » et ‘Mais au fond elle veut dire quoi cette affiche ? » Je l’avoue humblement, je ne suis en mesure de répondre à aucune de ces deux questions. Mais il est vrai que le parti-pris de Gleeden peut avoir de quoi désarçonner : il s’agit de brouiller les cartes,  de jouer sur un paradoxe (tromper son amant avec son mari) avec énormément de désinvolture ; comme si finalement 1/ toutes les femmes avaient un amant (et un mari) 2/ le choix de l’infidélité se ramenait à un coup de tête superficiel et léger (« Et si…. ? »)

Contre-sens
Pour en avoir un peu discuté autour de moi, et en mettant de côté toute considération morale, j’en viens à me demander si finalement cette campagne Gleeden, du simple point de vue de l’efficacité, n’est pas un échec en ce qu’elle est perçue par sa cible comme un contre-sens parfait de la promesse de la marque (« pensé par des femmes »). Conclusion : soit les femmes connaissent finalement très mal les femmes, soit il y a aussi peu de pensée féminine dans ce « pensé par des femmes » que de tissu filé dans l’Hexagone dans une chemise made in France.

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