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Cetelem et ces jeunes qui se cassent le nez aux portes du crédit…

La campagne publicitaire de Cetelem qui s’affiche un peu partout en ce moment joue résolument et de façon très maligne la carte du multi-support. Résumons en quelques mots son objet : il s’agit de faire la promotion d’une offre de crédit de consommation destinée aux jeunes (moins de 30 ans) dont la situation professionnelle n’est pas encore stabilisée (en CDD donc). La campagne part donc d’un constat : l’individu qu’on vient de décrire ci-dessous, et qui a donc moins de 30 ans et n’a pas de CDI, n’a aucune chance de décrocher un crédit et qu’en conséquence toutes les portes des organismes financiers se ferment devant lui… Peut-être est-ce vrai : mes très rares expériences de crédit à la consommation m’ont plutôt laissé penser que ces organismes n’étaient pas très regardants sur les ressources de leurs souscripteurs, mais bon…

Bref, la porte du crédit à la consommation se ferme devant le jeune… dont le visage se retrouve écrasé contre la vitre. Jusqu’ici rien d’extraordinaire, sauf que les publicitaires ont eu la bonne idée d’utiliser un support de pub particulièrement approprié : les portes de quai qui protègent les voies de la ligne 14. D’où un message publicitaire auquel fait écho son propre support matériel : une sorte de publicité augmentée ? C’est malin, bien trouvé, reste à savoir si ça coûte beaucoup plus cher qu’une classique affiche en 4 par 3…

Si l’accroche est bien trouvée, je trouve en revanche la promesse qui intervient dans un second temps nettement plus faible et malheureusement un peu bancale au niveau syntaxique. Faire du crédit à la consommation un droit que Cetelem entend défendre ? Soit, j’entends que certains jeunes ont sans doute besoin de financer l’achat d’une voiture par exemple. Mais le registre du droit est tellement galvaudé dans la pub, depuis le fameux droit au voyage de Marmara, que cette promesse tient un peu de l’eau tiède… surtout qu’elle est desservie par une regrettable faute de syntaxe « on a le droit d’être jeune, en CDD et DE réussir à financer ses projets » !!!

Affiche Cetelem : marre de voir les portes du crédit se refermer ?

Affiche Cetelem : marre de voir les portes du crédit se refermer ?Affiche Cetelem : marre de voir les portes du crédit se refermer ?

Si La Fontaine prenait le métro…

… il serait fort aise de découvrir que son œuvre a largement inspiré la récente campagne d’affichage de la RATP. Cette campagne est d’ailleurs assez réussie et originale : elle repose sur l’utilisation d’une figure signifiante d’animal (le paresseux, la grenouille, le taureau…), associée à une situation que reconnaîtra facilement quiconque prend le métro de façon régulière. Un distique (2 vers) rimé légende le tout et sonne comme la morale de la fable : « Qui paresse aux heures de pointe / Risque deux ou trois plaintes »

Affiche RATP : Qui paresse aux heures de pointe risque deux ou trois plaintes

Sur le fond, on note tout de même que cette campagne parle finalement des usagers eux-même et pas tellement de la RATP. On s’interroge même un peu sur la nature du message sous-jacent : si les rames bondées aux heures de pointe sont si désagréables, est-ce parce qu’un ou deux « paresseux » utilisent – contre toute règle de civisme – les strapontins ou plutôt parce que la fréquence de passage des rames est trop faible ? Autrement dit, est-ce qu’en mettant en scène les passagers la RATP n’entend pas se faire doucement oublier ? Et si en parlant des autres plutôt que de nous, on réussissait à brouiller les critiques qui nous collent à la peau ?

Affiche RATP Grenouille "Qui saute par dessus un tourniquet..."Sur la forme, on regrettera deux petites choses. La première – très pardonnable – est le choix de rimes imparfaites. En métrique classique, une rime doit être à la fois phonétique (les sons doivent se faire écho) mais aussi graphique : pour Corneille ou La Fontaine, « tourniquet » ne rime pas avec « quai » ! La seconde, un peu moins vénielle, est une faute de français qui trahit en plus le texte original de La Fontaine : « Vous chantiez, j’en suis fort aise. Eh bien, dansez maintenant ! » écrit le poète. Un détail ? Plutôt une faute d’orthographe assez courante malheureusement…
Sticker RATP  : Vous mangiez, j'en suis fort, eh bien jetez maintenant

La page web que vous avez besoin

Il y a des pages web qui ne servent à rien d’autre qu’à happer le flux – sans doute important – d’internautes qui manquent de vigilance avant de cliquer sur l’un des résultats affichés par Google. De vraies poubelles éditoriales, montées de bric et de broc, souvent avec de mauvaises traductions automatiques, pour berner les robots de recherches. Ceci dit, une fois qu’on a intégré le fait que ce genre de contenu ne veut rien dire, il y a quand même moyen de bien rigoler. Exemple ci-dessous avec une copie d’écran très exotique (je passe sur les liens qu’elle propose : si vous cherchez Bob Marley ou un cheap hotel, en anglais dans le texte, n’allez pas plus loin !) ; la perle se trouve en haut à gauche. « Ce que vous avez besoin quand vous l’avez besoin ». Quelle promesse ! De mon côté, j’ai déjà adopté iphonefire.net comme nouvelle page d’accueil de mon navigateur. Et vous ?

iphonefire.netAh oui, et pour ceux que ça intéresserait, « Ce que vous avez besoin quand vous l’avez besoin » est un beau florilège de barbarismes

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