Pourquoi passe-t-on des vacances en Tunisie ? Réponse n°1 : parce que c’est l’une des destinations les moins chères. Réponse n°2 : parce qu’il y a du soleil et que les Tunisiens parlent français. Réponse n°3 : parce qu’à condition de quitter les plages et le littoral très touristique, il y a de jolis endroits à visiter (je pense à la ville de Tozeur par exemple). Prenez ces trois réponses, secouez-les et vous obtenez la nouvelle campagne de l’office du tourisme tunisien.
Je précise bien la NOUVELLE campagne, car printemps arabe oblige, la Tunisie en a mené plusieurs ces derniers mois, notamment celle qui annonçait, photo décontractée sur une plage à l’appui « Il paraît qu’en Tunisie la tension est à son comble ». La révolution étant – au moins sur le papier – terminée, l’objectif n’est plus de rassurer le touriste effrayé par les violences qui ont accompagné la chute du régime de Ben Ali, mais de le reconquérir, en s’appuyant sur deux des points forts du capital touristique tunisien listés ci-dessus : le rapport qualité/prix et les perles méconnues du sud tunisien (Douz et Tozeur).
Vendre du pas cher… mais ne surtout pas le dire
Sur ces affiches (dont les visuels sont également mis en scène sur la page d’accueil de bonjour-tunisie.com) le parti-pris est clair « Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde » ou « Pas besoin de suivre une cure d’austérité ». Autrement dit : pas besoin de vider votre livret A pour vous offrir des vacances au soleil. Ce qui est plus étonnant, c’est de le dire de façon aussi négative, en utilisant un vocabulaire tristounet qui s’inscrit dans le registre de la nécessité (« besoin ») pour évoquer des vacances que l’on décrit plus souvent comme un univers de liberté et d’absence de contrainte (c’est d’ailleurs ce qu’indique la signature « Tous les rêves sont possibles ») Et en même temps, sans assumer complètement le côté low cost de ces vacances : vous ne viendrez pas chez nous parce que ce n’est pas cher, mais parce c’est beaucoup moins cher que d’autres destinations.
Quand on distille l’implicite et le non-dit, il faut quand même prendre garde à ce que l’on suggère. « Pas besoin de suivre une cure d’austérité » : OK, le message est univoque, on est sur du pas cher. En revanche, « Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour visiter un grand canyon » sonne curieusement comme une pub pour la « France en miniature » surtout avec la photo du petit train rouge qu’on jurerait échappé d’un parc d’attraction… Vous n’avez pas assez de sous pour visiter le vrai Grand Canyon en Arizona ? Pas de problème : venez chez nous, on a aussi un (faux) grand canyon, et c’est moins cher. Au moins, les choses sont (presque) claires !
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