L’éditorial de Yannick Noah paru dans Le Monde ce week-end (La potion magique) fait couler beaucoup d’encre et de fiel des deux côtés des Pyrénées. Il faut dire que le tennisman préféré des Français n’y va pas avec le dos de la raquette puisqu’il accuse explicitement la génération dorée du sport espagnol (Nadal, Contador, les basketteurs champions d’Europe, les footballeurs champions du monde, etc.) de recourir au dopage généralisé, et qu’il conclut sa tribune par une prise de position délibérément provocatrice : s’il faut être chargé pour gagner, alors autorisons EPO et autres molécules chimiques.
Je ne suis pas un spécialiste sportif, ni un médecin expert : mais ce que dit Noah, j’ai du l’entendre mille fois dans les contextes les plus différents, dans la bouche d’un journaliste, d’un sportif repenti, d’un de mes oncles, d’un pilier de bar, d’un chauffeur de taxi ou d’un médecin.
Clichés et lieux communs
Sur le fond : l’éditorial de Noah est un topos, un lieu commun, un cliché. Sur la forme : son discours est très simple, peu argumenté, il utilise des procédés stylistiques basiques : une métaphore filée transparente (la potion magique), l’épiphore (la répétition à la fin des premiers paragraphes de « les veinards ») et le paradoxe (la conclusion : autorisons le dopage). On pourra toujours dire que l’ex-tennisman chantant fait du populisme, de la démagogie, qu’il simplifie à l’extrême et caricature des situations infiniment compliquées, qu’étant donné son statut et sa légitimité, il devrait peser davantage ses propos et ses accusations portées sans preuve.
Reste que je suis émerveillé que des propos aussi simples puissent créer un tel ramdam. Le sport est un milieu très conservateur et chauvin : transposé dans le domaine de la politique par exemple, en remplaçant la question du dopage par, disons, celle du financement occulte des partis politiques, le propos de Noah serait sans doute passé inaperçu. Quant au dopage, c’est vraiment le dernier tabou, l’accusation ultime qui salit celui qui la reçoit comme celui qui la porte. Je vous laisse vous faire votre opinion en consultant le texte de l’éditorial de Noah : « La potion magique ».
commentaires
C’est just de la provoc et un peu de jalousie (cf son fils Joakim)
Il y a peut-être un peu de ça oui !